Fertilisation azotée et soufrée des céréales : s’adapter à chaque situation !

Les conditions climatiques de l’automne et de l’hiver ont rendu les semis de céréales à paille parfois compliqués. En plaine, les situations sont actuellement très diverses en fonction des dates de semis et des conditions d’implantation, ce qui nécessite d’adapter ses pratiques de fertilisation azotée.

Un apport à tallage à prévoir dans beaucoup de situations

Dans beaucoup de situations cette année, un apport au tallage est justifié. On préconise un apport d’environ 40 kg N/ha, à adapter à chaque situation. Le fractionnement des apports sur les parcelles mal enracinées sera plus bénéfique qu'un apport conséquent au tallage. En effet, la plante n’est pas encore en capacité d’absorber de grandes quantités d’azote. Le mauvais enracinement, l’excès d’eau impacte la capacité de la plante à absorber l’azote.


Les dates de semis ayant été très échelonnées, il est important de raisonner en stade plutôt qu’en date de passage. Dans tous les cas, ce premier apport doit être réalisé sur des sols ressuyés et des parcelles désherbées au préalable pour éviter de fertiliser les adventices présentes dans les parcelles.


Par ailleurs, la pluviométrie réelle de chaque parcelle est très dépendante de leur localisation (cf figure 1). Il est donc important d’adapter le raisonnement de la fécondation. La mesure d’un reliquat azoté est également importante pour estimer l’azote restant dans le sol. Certes, les cumuls de pluie ont été importants mais les températures aussi, propices à une minéralisation importante.

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Un réajustement du potentiel de rendement à prévoir

Pour la suite, il sera primordial dans les situations de semis délicates de réajsuter le potentiel de rendement de chaque parcelle, qui sera sans doute revu à la baisse dans certaines situations. C’est l’utilisation d’outils de pilotage en fin de cycle qui permettra d’ajuster au mieux les apports azotés aux diversités de situations rencontrées. 

Et le soufre ? Estimer les besoins pour ajuster les apports

Depuis les années 90, les émissions industrielles ont drastiquement diminué. Elles ne sont plus toujours suffisantes aujourd’hui pour garantir l’alimentation en soufre des principales plantes cultivées en France.


Le soufre est un des éléments nutritifs essentiels à la croissance des céréales à paille. Il est absorbé par le blé soufre essentiellement durant la montaison. Il est donc important, afin d’éviter une carence, d’apporter le soufre au plus tard à début montaison. 


Comme l’azote, le soufre est très sensible au lessivage. Après les forts cumuls de pluie de l’automne-hiver dans un certain nombre de régions, il est nécessaire d’estimer les risques de carences sur chaque parcelle pour décider d’un apport ou non.


Le risque de lessivage hivernal a pu être compensé dans certaines situations par une minéralisation du soufre présent sous forme organique dans le sol, à la faveur de températures favorables. Toutefois, ceci doit se raisonner en fonction du type de sol (risque accru sur des sols à faible minéralisation, fort risque de lessivage), de la fréquence des apports organiques sur la parcelle et du potentiel de rendement.


Dans nos essais blé en 2021, situés en Poitou Charentes, en sol argilo-calcaire superficiel, la carence en soufre sur les modalités sans apport s’est manifestée à l’œil courant montaison. Sur la photo ci-dessous, prise en mois d’avril, les deux modalités les plus vertes (matérialisées par des étoiles) sont celles ayant bénéficié d’un apport de soufre avec l’azote aux 1er et 2ème passages. 

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